Qu'est-ce que l'opium et que sont les opiacés ?

Il est très difficile de trouver quelque chose dont l'histoire est plus riche que celle de l'opium. Cette drogue, extraite du Papaver somniferum, était déjà utilisée des milliers d'années avant notre ère. Cette substance a secoué le monde, des opiacés comme l'héroïne, à la morphine. Découvrez ici l'histoire de l'opium et de tous ses dérivés.

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Avertissement : dans ce blog, il est question d'opium et d'opiacés. Ces substances créent une dépendance et sont souvent très mauvaises pour la santé. Cet article n'a pas pour but d'encourager l'utilisation de ces substances. Nous voulons seulement vous informer sur les apparences, les effets, les méthodes de production et l'histoire de ces substances.

Qu'est-ce que l'opium ?

L'opium est extrait de la gousse immature du Papaver somniferum. En faisant une entaille dans la gousse contenant les graines, un latex blanc s'écoule. Lorsque ce latex est séché, on obtient une substance dure et brune : l'opium.

L'opium est utilisé comme drogue, mais c'est loin d'être sa seule utilisation. L'opium contient toutes sortes d'alcaloïdes. Il s’agit de substances contenant de l'azote qui ont certains effets sur le corps humain. Les alcaloïdes les plus connus de l'opium sont la morphine, la codéine, la thébaïne et la noscapine. C'est à partir de ces alcaloïdes que sont fabriqués, par exemple, des médicaments comme l'oxycodone ou des drogues comme l'héroïne. Toutes les substances extraites de l'opium sont appelées opiacés, mais nous y reviendrons plus tard.

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La cosse coupée de Papaver somniferum avec du latex qui coule.

Les effets de l'opium

L'opium peut être consommé de différentes manières. Il peut être fumé, injecté, avalé ou bu. Il s’agit d’une substance hautement additive, qui a rendu dépendants des peuples entiers au cours de l'histoire. Et ce, pour une bonne raison. L’opium est une drogue analgésique, sédative et narcotique qui induit un sentiment de bonheur. Vous vous imaginez dans une réalité onirique et vous vous sentez bien. La tristesse, la faim et la peur sont supprimées. C'est pourquoi il était beaucoup utilisé par les soldats et les guerriers pendant les guerres et les batailles, par exemple. On peut lire des choses très bizarres dans les rapports de trip sur l'opium. On rapporte ainsi des personnes capables de voir à travers les murs ou de jouer dans leur propre film imaginaire.

Autres types de Papavers

Le Papaver somniferum est également connu sous le nom de pavot à opium. De ce bulbe, on peut extraire non seulement l'opium, mais aussi les graines de pavot. Le Papaver somniferum produit également une belle fleur de couleur gris-rose. D'ailleurs, il est facile de faire pousser la plante soi-même avec des graines de pavot à opium. Elles se développent mieux dans les climats qui ne sont pas trop froids.

Il ne faut pas confondre le pavot somnifère avec d'autres types de pavots. Le « pavot à opium » est une plante annuelle de la famille des pavots, qui compte quelque 60 sous-espèces. Les coquelicots font également partie de la famille des pavots. Le Papaver hybridum et le Papaver orientale en sont des exemples. Ces espèces produisent également une gousse contenant des graines, mais on ne peut pas en extraire l'opium. Cependant, ces papavers ou coquelicots produisent tous de belles fleurs.

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Que sont les opiacés ?

Les substances issues de l'opium sont utilisées dans le monde entier comme médicaments ou drogues. Ces substances sont également appelées opiacés. Un opiacé est une substance que l'on peut extraire de l'opium, ou des substances que l'on peut préparer à partir de ce dernier. Tous les opiacés agissent comme de puissants analgésiques car ils se lient aux récepteurs opioïdes du cerveau. Il ne faut pas confondre opiacés et opioïdes. Il s'agit de toutes les substances qui réagissent aux récepteurs opioïdes dans votre cerveau. Il en va de même pour les substances endogènes ou entièrement synthétiques. Les opioïdes ne sont donc pas nécessairement extraits du Papaver somniferum, comme le sont les opiacés.

Morphine

L'opium est composé de 10 à 15 % de morphine. La morphine a été découverte en 1803 par le pharmacien allemand Friedrich Sertürner. Un an plus tard, il parvient à isoler cet alcaloïde de l'opium par un procédé chimique. La morphine est plusieurs fois plus forte et plus addictive que l'opium lui-même. La substance est nommée d'après Morphée, le dieu grec des rêves. Au XIXe siècle, elle était utilisée comme drogue. Elle a un effet onirique similaire à l’opium. De nos jours, elle est utilisée comme médicament pour les douleurs sévères (chroniques) et l'insomnie. On l'administre souvent après une opération à l'hôpital, et parfois avec une péridurale lors d'un accouchement très douloureux. La morphine figure même sur la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé.

Qu'est-ce que l'héroïne et comment est-elle fabriquée ?

La morphine est donc extraite de l'opium. Et vous l'avez deviné : l'héroïne est fabriquée à partir de la morphine. L'héroïne est essentiellement une substance chimique, mais la matière première est naturelle. Il s’agit d’une drogue très puissante que l'on peut fumer, sniffer ou injecter. Elle a des effets similaires à ceux de l'opium, mais qui sont beaucoup plus puissants. Elle procure un plaisir intense. Après l'avoir utilisé, vous avez l’impression de ne plus vous trouver sur la surface de la terre. Vous pouvez devenir dépendant après une seule utilisation, alors ne tentez pas le diable !

L'héroïne est fabriquée en chauffant la morphine avec de l'anhydride acétique pendant une longue période. On obtient ainsi un liquide, qui obtient une forme solide une fois mélangé à du carbonate de sodium. On filtre ensuite l'héroïne du carbonate de sodium avec de l'alcool, de l'éther ou de l'acide chlorhydrique. Dans sa forme la plus pure, elle peut contenir de 80 % à 90 % d'héroïne [2].

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L'héroïne est chauffée afin de la liquéfier et de pouvoir l’injecter.

Méthadone, oxycodone, codéine et autres opioïdes

Outre la morphine et l'héroïne, il existe des dizaines d'autres opiacés et opioïdes. Les plus connus sont la codéine, le fentanyl, la méthadone et l'oxycodone. La codéine est un opiacé qui peut être fabriqué à partir de la morphine. Elle est moins puissante que les autres opioïdes et présente également moins d'effets secondaires. Elle est prescrite pour les symptômes douloureux relativement légers, mais aussi pour la suppression de la toux grasse, car elle réduit les stimuli. La méthadone est déjà beaucoup plus forte et ressemble beaucoup à la morphine. Elle est largement utilisée comme substitut dans la dépendance à l'héroïne, mais peut également servir d'analgésique. L'oxycodone a beaucoup fait parler d'elle ces dernières années. Cet opioïde est souvent prescrit pour soulager la douleur après des opérations ou des traitements et crée une forte dépendance. Comme le fentanyl, par exemple, il est également utilisé dans les soins palliatifs des patients atteints de cancer, par exemple.

D'autres exemples d'opioïdes comprennent l'hydrocodone, le tramadol, la buprénorphine, la dihydroétorphine, l'hydromorphone et l'ohmefentanyl. Ce dernier est l'un des analgésiques les plus puissants de la planète. Il est environ 18 000 fois plus fort que la morphine et est utilisé pour endormir les éléphants. La naloxone est un autre exemple. Il s'agit d'un opioïde spécial utilisé comme antidote en cas de surdose d'autres opioïdes.

Comment fonctionnent les opiacés ou les opioïdes ?

Lorsque vous souffrez, des cellules appelées neurones envoient des signaux à votre cerveau. Votre cerveau interprète ces signaux comme une douleur. De nombreux neurones de votre corps sont recouverts de protéines appelées récepteurs opioïdes. Ces récepteurs agissent comme une sorte de frein sur la capacité des neurones à envoyer des signaux à votre cerveau lorsque vous souffrez. Notre corps produit également des endorphines : un opioïde propre à l'organisme, qui s'insère comme une clé dans la serrure des récepteurs opioïdes. Les récepteurs sont alors activés, ce qui ralentit les signaux de douleur et vous empêche de paniquer.

Si la douleur persiste, vous pouvez souffrir d'anxiété et de dépression. Dans ce cas, les opioïdes ou les opiacés, tels que la morphine, la codéine et l'oxycodone peuvent aider. Ils agissent comme des analgésiques car ils ont une similarité chimique avec nos propres endorphines. Comme la substance propre à ce corps, ils s'adaptent à la « serrure » et peuvent se lier aux mêmes récepteurs opioïdes pour arrêter les signaux de douleur. Mais il y a aussi un inconvénient.

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Toutes sortes d'opiacés extraits de l'opium.

Notre cerveau produit des neurotransmetteurs appelés dopamine par le biais des neurones dopaminergiques. Ces neurotransmetteurs sont libérés lorsque quelque chose de positif se produit et vous fait vous sentir bien. Notre corps contrôle la production de dopamine grâce à des neurones inhibiteurs, jusqu'à ce qu'un événement agréable se produise. Comme c’est le cas pour les neurones de la douleur, il existe également des récepteurs opioïdes sur ces neurones. Lorsque vous prenez des opioïdes, ils se lient également à ces récepteurs, empêchant votre corps d'inhiber la production de dopamine. Une grande quantité de dopamine est libérée, de sorte que vous ne vous ne vous sentez temporairement ni déprimé ni anxieux. Au lieu de cela, vous vous sentez bien et euphorique.

Si vous continuez à prendre des opioïdes, votre cerveau réagit en retrouvant son équilibre initial. Les neurones inhibiteurs se mettent à travailler énormément même lorsque les récepteurs opioïdes sont activés par les opiacés. En conséquence, votre corps a de plus en plus de mal à produire de la dopamine. Augmenter la dose d'opioïdes peut temporairement contrer ce phénomène, mais le problème ne fait en réalité que s'aggraver.

Lorsque vous arrêtez de consommer des analgésiques, vous ne ressentez pas seulement la douleur, l'anxiété et la dépression. Vous vous sentez ravagé par une maladie physique inéluctable, bien pire que la grippe. Votre corps est en manque : vous êtes dépendant des opiacés. Certaines personnes le supportent mieux que d'autres et cessent de consommer des analgésiques assez facilement. Pour les personnes plus enclines aux addictions, ce n'est pas si simple. Les symptômes de sevrage deviennent insupportables, et ils continuent à consommer des opiacés. Cela forme un cercle vicieux dans lequel des millions de personnes sont encore prises aujourd'hui. La vidéo ci-dessous explique tout cela.

Crise de l'opium

Les opiacés peuvent donc être extrêmement dangereux s'ils sont utilisés de manière irresponsable. Au début de ce siècle, cela a entraîné des centaines de milliers de décès aux États-Unis et ailleurs [3]. C'est ce qu'on appelle la crise de l'opium. Il s'agit des décès de patients dus à la surconsommation d'opioïdes. Il ne s'agit donc pas seulement de décès dus à l'héroïnomanie, mais plutôt de décès dus à la surconsommation de médicaments tels que le tramadol, l'oxycodone et le fentanyl. En plus des décès, des millions de personnes sont dépendantes de ces types de drogues. En 2017, on en comptait environ 2,5 millions rien qu'aux États-Unis [4].

Comment une crise aussi importante a-t-elle pu se produire à notre époque ? On en savait beaucoup moins sur le fonctionnement des opioïdes il y a 30 ans. En outre, de nombreuses drogues et médicaments étaient disponibles illégalement en grand nombre, de sorte qu'ils n'étaient pas contrôlés et utilisés de manière responsable. L'industrie pharmaceutique est également montrée du doigt. Cette dernière aurait commercialisé des médicaments similaires aux opioïdes sous d’autres noms dans les années 1990. Les médecins les ont ensuite prescrits beaucoup trop facilement et trop souvent comme analgésiques. Avec des conséquences désastreuses.

Histoire de l'opium

L'opium a une histoire riche. En effet, on peut presque dire qu'il n'y a pas de plante dont l'histoire soit plus riche que celle du Papaver somniferum. Comme pour la plante de chanvre, son utilisation remonte à des milliers d'années avant notre ère. Il existe des preuves que le pavot à opium était cultivé dès 4000 avant J.-C., dans le berceau de la civilisation : la Mésopotamie. Les Sumériens l'appellent « cri » ou « plante de la joie ». Dans l'Égypte ancienne, le papyrus Ebers, un ancien texte médical, recommande d'enduire d'opium les mamelons des mères allaitantes pour aider les jeunes enfants à dormir. Dans l'Odyssée, Homère parle de ceux qui pleurent les membres de leur famille disparus à Troie. Et comment Hélène, la fille de Zeus, met un médicament dans le vin pour apaiser toute douleur et toute colère et faire oublier tout chagrin. Il s’agissait d'opium.

Pour la Chine, l'opium représente une page sombre de l'histoire. La drogue y a été utilisée comme médicament pendant des centaines d'années. D'abord en buvant le liquide provenant du bulbe de la graine du pavot, mais au 15e siècle, la population a découvert que le jus de lait séché pouvait également être fumé. Il était utilisé comme stimulant, aphrodisiaque et comme drogue pour se détendre et s’évader de la réalité. Une grande partie de la population est devenue dépendante de l'opium. Les Hollandais et les Britanniques, entre autres, en ont profité et ont gagné beaucoup d'argent en l'exportant en Chine.

Au XVIIIe siècle, le gouvernement s'est rendu compte que l'opium créait une telle dépendance qu'il causait des problèmes. En 1729, l'utilisation et le commerce de l'opium ont été interdits par l'empereur Yongzheng. Les Chinois ont décidé de détruire d’immenses cargaisons d'opium, ce qui a conduit à deux guerres sanglantes avec les Britanniques. La première guerre de l'opium a eu lieu entre 1839 et 1842 et la seconde entre 1856 et 1860. Enfin, ce n'est qu'au début du vingtième siècle que des accords ont été conclus pour limiter l'approvisionnement de la Chine en opium.

En Europe, au XVIe siècle, l'opium était populaire sous une autre forme : le laudanum. Il s’agit de la teinture d'opium. Lorsque la morphine a été découverte, les gens l'ont utilisée comme médicament pour se débarrasser de la dépendance au laudanum. Cela n'a pas fonctionné, bien sûr, car la morphine est beaucoup plus forte que l'opium. Au XIXe siècle, l'opium était en vente libre dans plusieurs endroits d'Europe, laissant des centaines de milliers de personnes dépendantes. De véritables « fumeries d'opium » sont arrivées d'Asie. Il s'agissait de lieux où l'opium était vendu et consommé. Ces lieux étaient généralement dirigés par des gangsters chinois, et étaient remplis d'usagers qui fumaient de l'opium à partir de pipes désignées à cet effet.

Conférence sur l'opium

Désormais, le monde entier s'accorde à dire que l'opium et les opiacés ne font aucun bien à l'humanité. Une conférence sur l'opium a donc été organisée à La Haye en 1911 à l'initiative des États-Unis. Un traité sur l'opium a finalement été signé en 1912, qui prévoyait notamment de supprimer la production d'opium et de mettre un frein au commerce de l'opium brut. Les pays ont également été invités à élaborer des règles et des lois relatives à l'utilisation des opiacés à des fins médicinales et scientifiques.

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